Cette fois, ça y est, la société industrielle et capitaliste a vécu et nous entrons dans une nouvelle ère : la société de la Connaissance.

Marc Luyckx Ghisi, qui a travaillé longtemps à la Commission Européenne, l’explique dans ses livres et dans une conférence qu’il a donnée à Bruxelles en décembre 2010. Elle a vécu parce qu’elle ne permet plus de donner à l’humanité une réponse pour son futur.

Nous sommes donc entrés dans cette société de la Connaissance… Sans nous en rendre compte.

Est-ce parce qu’on n’a pas encore bien compris ce qu’elle est que nous ne la voyons pas ou bien parce que nous ne la voyons pas que nous ne la comprenons pas encore ?

L’outil de production de la richesse du monde industriel était l’usine. Quel est-il dans ce nouveau monde ?

C’est notre cerveau d’abord, ce qu’il contient, ce qui y rentre et ce que nous en faisons, par exemple en partageant ce contenu avec nos congénères afin qu’ils créent eux-mêmes de la connaissance et la partagent eux-aussi.

Le nouvel outil de production de la richesse c’est notre cerveau plus le réseau, l’interaction avec nos congénères.

La richesse de l’entreprise est donc cet « intangible asset » que représente la connaissance de ses salariés : elle représente sa capacité à répondre aux besoins présents et futurs de ses clients !

Le savoir collectif au pouvoir

Certains l’ont compris et mis en œuvre : Ricardo Semler qui dirige SEMCO au Brésil, 3000 personnes, raconte dans son livre « à Contre Courant » paru en 1992, comment il l’a mis en œuvre dans la PME qu’il a hérité de son père. Pas si nouveau finalement. Mais exemple incroyable… Que je me sens incapable de mener à bien comme lui. Trop en avance ? Trop novateur ? Trop à contre-courant justement pour notre culture ?

Plus près de nous, en France, Michel Hervé, Président du groupe Hervé et Maire de Parthenay, a développé une organisation basée sur ce concept à la fois dans ses entreprises et dans sa commune. Avec des chercheurs du CNRS et l’école de Management de Paris qui l’ont challengé sur le sujet, il a co-écrit un livre sur cette expérience. Du pur génie encore une fois.

Un point commun entre ces 2 expériences : le temps long sur lequel se sont déroulé ces réalisations.

Vineet Nayar, PDG d’HCL, un groupe Indien de services informatiques, a appliqué ces principes pour développer ses entreprises. Il raconte son expérience et sa méthode dans un livre : « Employee First Customer Second ».

Titre provocateur !

Comment ? Le client serait moins important que l’équipe ?

Ca va à l’encontre de la pensée actuelle : sa pensée est construite sur un autre paradigme.

Oui mais « La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, elle est d’échapper aux idées anciennes qui ont poussé leurs ramifications dans tous les recoins de l’esprit» (KEYNES)

Nous sommes notre propre limite. Nos expériences, notre culture professionnelle ou non, nous conduisent à limiter notre pensée à un cadre défini.

Alors bien sur, il faut le génie d’un Semler, d’un Hervé ou d’un Nayar pour parvenir à leur niveau de réalisation.
Ils nous montrent une voie royale sur laquelle nous pouvons nous engager à notre main. Le progrès ne s’imagine pas : il s’invente au fur et à mesure qu’il se vit.

Une autre citation (la dernière) : « Pour arriver à une solution, il suffit d’un changement de point de vue, puisque la solution est depuis toujours au cœur du problème. » (Charles Franklin KETTERING)

« Nous y sommes rentrés sans nous en rendre compte »

Plus vite nous le conscientisons, plus vite nous avançons, nous décidons dans les bonnes directions.

C’est une révolution managériale : le chef est un support de son équipe, il tire son pouvoir du souffle qu’il donne à son équipe pour la faire progresser, de son aptitude à la faire adhérer à un projet.

Nouveau paradigme de société, nouveau paradigme de management.

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